Mots à maux

Dans ce monde pervers qui bistourne à l’envers

Où les chiens biens dressés ne se géminent plus

Aux chiennes démuselées au poitrail mamelu

Qui s’époumonent et crient « Au viol » pour un baiser.



Dans cette ville aux rues pro-trottinétisées

Où des adolescents, les rêves écrasés

Smarfonnent et pianotent à longueur de journée

Des je T’M pathétiques à des nanas paumées.



Dans ce quartier rongé où l’amitié se noie

Dans des égouts profonds, au fond des catacombes

Bourbiers de solitude où la vase côtoie

L’héroïne, les seringues, véritable hécatombe.



Dans cette rue sordide de rouge repavée

Qui draine par centaines des âmes dévoyées

Miroirs éclaboussés, flaques d’eau polluées

Où le chagrin se noie aux reflets des vitrines.



Je guette sur le pas d’un immeuble endeuillé

La chute programmée d’une femme fragile.

Mes amis, s’il vous plaît, en ce premier de Mai

Manifestez enfin pour le plaisir d’aimer.



1er Mai 2021

Mois de Mai

La poésie est faite de mots cristallisés, inventés et sucrés

qui referment la porte à la prose imbécile

de chroniques disetteuses

pour masquer l’indigence des esprits querelleurs.



Les paroles s’envolent, les mots ne sont que vent ;

le poète les capture et puis les endimanche

pour créer des images au pinceau de sa plume.



Il jette alors les mots comme fait le semeur

à la volée, sur une feuille blanche, interdite et muette.

Il écrit un sonnet, une ode, une élégie

une satire un pamphlet…



Ses mots ont de la force et dictent ses actions ;

ses mots ne sont alors que pigeons voyageurs

Ils roucoulent tendrement, éclatent en fureur

Ils côtoient tout pareil la mort et la gaieté.



Les mots ont des silences qui crient le désespoir ;

mais ses mots ont aussi des vertus apaisantes

des excès de colères, des abus de passion

quand ils exhibent nos joies, nos ivresses ancestrales.



Les mots sont des aveux de trahisons perverses

des mensonges élevés au rang de vérité ;

le poète les trient, rejette les inutiles

tricote son poème rien qu’au point d’Alençon

tisse une tenture de soie et brode en filigrane

de sublimes images.



Il invente le décor comme un vrai canevas

Il peint des mots d’amour sur tous ses paysages

car la mémoire des hommes et bien trop volatile.

Ses silences parfois sont des mots écorchés

qui peinent à décrire l’Amour et l’Amitié.



Mai 2022